Points de vue

Les coupes dans le domaine FRI nuisent à notre prospérité

Matthias Aebischer
Conseiller national, membre du bureau du Team politique FUTURE

En septembre, le Parlement a adopté le Message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation pour les quatre prochaines années, avec des corrections ciblées. Celles-ci doivent maintenant être reprises dans le budget 2025 et le plan financier. Bien que la croissance soit plus modeste que dans les périodes précédentes, le Parlement a reconnu que des investissements suffisants dans le domaine FRI étaient indispensables pour notre pays.

Malgré cela, le Conseil fédéral a présenté un projet de budget qui ne tient pas compte des corrections ciblées décidées par le Parlement. Il prévoit même des coupes drastiques dans le domaine FRI à partir de l’année 2026. Il ne suit pas la volonté des représentant-es du peuple au Parlement, mais reprend sans analyse approfondie les propositions faites par une commission de cinq experts sans légitimité.

Le « Baromètre de la politique financière » publié en novembre reflète les préférences de la population suisse en matière de réduction de dépenses. Il révèle qu’une majorité des Suissesses et Suisses s’opposent à des mesures d’économies dans le domaine FRI. A la question de savoir dans quel domaine il ne faudrait en aucun cas faire des économies, le domaine FRI s’est classé en deuxième position avec 57% – juste après l’AVS. Il convient d’ailleurs de noter que le domaine FRI se hisse dans le top 3 auprès des membres de cinq partis politiques.

Nous prenons le pouls de la population au sérieux. Des coupes irréfléchies dans le domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation nuisent à notre prospérité et compromettent les opportunités à venir. Ce n’est pas ce que veut la majorité.

La qualité de la place FRI suisse doit être maintenue

Matthias Michel
Conseiller aux Etats, président du Team politique FUTURE

Les actrices et les acteurs du domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation sont conscient-es de la situation tendue dans laquelle se trouvent les finances fédérales. C’est pourquoi ils ont mis en évidence uniquement leurs besoins les plus urgents pour le financement de la prochaine période FRI 2025-2028. Le Conseil national a procédé sur cette base à quelques corrections ciblées lors de la session d’été. Elles sont modestes au regard de l’ensemble du plafond de dépenses, mais ont un impact important pour les actrices et acteurs concerné-es.

Des propositions de minorité émanant de la CSEC-E vont dans le même sens que la décision du Conseil national. Certaines d’entre elles sont même neutres en termes de coûts. Ainsi, un lissage de la croissance des moyens alloués à l’encouragement de la recherche et de la formation professionnelle pourrait empêcher la baisse du financement en 2025. L’augmentation des contributions de base pour les hautes écoles cantonales est entièrement compensée dans les infrastructures de recherche. S’il fallait faire face à la hausse du nombre d’étudiant-es avec un financement en baisse, une perte de qualité serait à craindre. Cela vaut également pour le domaine des EPF, qui est durement impacté par une réduction supplémentaire en 2025. Il est donc indiqué ici de procéder à une augmentation répartie sur quatre ans, afin que les institutions des EPF puissent faire avancer notre pays dans le cadre de défis centraux tels que la sécurité, la numérisation ou le tournant énergétique.

En ces temps difficiles, nous ne devons pas négliger nos activités phares. Si nous voulons que le domaine FRI conserve son rayonnement à long terme, nous devons aujourd’hui faire au moins le nécessaire pour préserver sa qualité.

Des corrections ciblées du Message FRI

Bettina Balmer
Conseillère nationale, membre du Team politique FUTURE

Le Conseil national se prononcera durant cette session sur l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation pour les années 2025-2028 – et ce, à un moment où la pression budgétaire dans tous les domaines de la Confédération est plus forte qu’elle ne l’a été depuis longtemps. Après la consultation du Message FRI de l’été dernier, le Conseil fédéral a encore réduit les investissements prévus d’un demi-milliard de francs. Les acteurs du domaine FRI subissent les conséquences de plein fouet.

Au sein de la CSEC et de la CdF du Conseil national, nous avons fait preuve de créativité, pour apporter des modifications sur mesure qui pèsent le moins possible sur le budget fédéral. Une priorisation des contributions de base permet aux hautes écoles cantonales de faire face à l’augmentation du nombre d’étudiant-es, sans mettre en péril la qualité de l’enseignement et de la recherche. Une réduction supplémentaire prévue dans le domaine des EPF est évitée. Les institutions de ce domaine peuvent ainsi continuer à mener leur initiative comme prévu dans le domaine de l’intelligence artificielle, où la Suisse ne saurait se laisser distancer. La formation professionnelle et les institutions d’encouragement de la recherche, qui subissent également une baisse brutale de financement en 2025, bénéficient d’une plus grande sécurité de planification grâce à une légère haussedes moyens.

Ces corrections obéissent à une devise : elles sont ciblées et se concentrent sur le strict nécessaire. Nous pouvons ainsi poser les jalons pour que le pôle FRI suisse reste compétitif au cours des quatre prochaines années.

Investir dans le progrès de la Suisse

Matthias Michel
Conseiller aux Etats, président du Team politique FUTURE

Les priorités de politique financière du Conseil fédéral ont sensiblement changé. Après deux décennies d’investissements durables dans la formation, la recherche et l’innovation, l’accent est désormais mis avant tout sur l’armée. Pourtant, la sécurité (et sa technologie) a elle aussi besoin de la recherche et de l’innovation.

En raison de la fragilité du budget fédéral après la gestion de la pandémie, tous les domaines faiblement liés doivent contribuer aux économies. Les institutions FRI sont toutefois particulièrement touchées. D’une part, les coupes dans le budget 2024 ont considérablement réduit la base financière pour l’ensemble de la période FRI 2025-2028. D’autre part, des réductions des investissements sont attendues dans le prochain message FRI.

Pendant deux décennies de financement FRI stable, la Suisse a connu un développement positif. La formation, la recherche et l’innovation sont des bases essentielles pour notre prospérité et pour les perspectives des jeunes générations. Pour former la relève, rester à la pointe de la recherche et encourager les branches innovantes, les institutions FRI ont besoin non seulement d’un financement solide, mais surtout d’une sécurité de planification. Celle-ci fait défaut - l’Etat et la société attendent des acteurs FRI des performances de pointe, mais n’assurent pas le financement à long terme pour y parvenir.

Le Parlement doit prendre ses engagements au sérieux et faire preuve de retenue en ce qui concerne les nouvelles tâches de la Confédération. Seuls des investissements constants dans le domaine FRI permettront à la Suisse de rester dans la course en tant que pays d’innovation.